I'm a lost Girl. But a big Girl.

Marcher. C'est ce qu'un loup fait le plus. On peut traverser des territoires entiers pour nous rendre là où nous le souhaitons, sans ressentir la fatigue. Nous sommes doués pour ça et nous n'avons peur de rien. Voilà ce qu'est un loup fier et féroce. Une bête sauvage qui affronte la tête haute la nature qui tente de l'enterrer sous un tas de menaces variées. Je suis l'une de ces fiers animaux qui parcourent le grand Nord, comme si de rien n'était, se moquant des Hommes qui ont besoin de chiens pour avancer ou de fourrures d'autres animaux pour se protéger du froid mordant. Je n'ai peur de rien. Même la mort inéluctable me fait à peine trembler... Car que pourrais-je faire contre elle ? Rien. Je peux seulement la ralentir, la retarder. Pour moi. Pour mes parents. Mais aussi pour ma meute toute entière.

Voilà la raison de ma présence dans cette montagne que beaucoup évite. Ma mère m'a déconseillé de m'y rendre seule. Et pourtant, je suis là, arpentant ce pic à la recherche des traces de nos ennemis naturels : les ours, les lynx, mais plus particulièrement des pumas. Ceux-ci aiment la vie en hauteur. Mais lorsqu'ils décident de descendre dans les plaines, c'est à nous qu'ils se frottent. Et leurs crocs et leurs griffes sont une menace réelle. Nombre de loups se sont fait déchiqueter par ces dernières... J'en ai vu quelques uns de mes propres yeux. Et ce n'est pas beau à voir. Alors, en entendant vaguement de jeunes chasseurs en parler à voix basse, je me suis dit que la moindre des choses était que l'espionne que j'étais aille y jeter un oeil. Je n'ai pas envie de voir les membres de ma nouvelle meute se faire tuer par l'un de ces félins, même si mon père serait ravi de voir tous les chiens de notre meute disparaître...

Je dois avouer qu'il s'agit là d'une chose qui m'a grandement surprise à notre arrivée. Dans notre ancienne meute, là où on me nommait encore Etoile Dansante - mon nouveau nom, Namira, me gênant quelque peu... - il n'y avait que des loups, pur sang et fiers. Depuis que mon arrière grand-mère, Louve Argentée avait créé notre meute, nous ne nous sommes jamais, ô grand jamais mélangés à de simples chiens. Mais ici, dans la meute de l'Ouest, cela ne posait pas de problèmes. Notre Alpha lui-même est un chien ! Mon père, ce loup anciennement Alpha, ne comprend pas. Il ne comprend déjà pas pourquoi nous n'avons pas tenté de renverser le pouvoir en notre faveur, alors le fait que ce soit un chien qui nous dirige... C'est impossible. Je me demande même comment il réagirait si je choisissais pour compagnon un chien... Et non un loup... Sans doute tenterait-il de le tuer. Voire, même, de me tuer, pour avoir osée déshonorer la famille ! Oui, il agirait sans doute ainsi.

J'ai beau avancer, je ne trouve aucune trace de pumas. Je vois bien celles de grands ours, des grizzlis, mais aucune trace d'un quelconque félin ici. Ce chemin escarpé est assez dangereux maintenant que j'y pense... En regardant vers le bas, j'aurais presque le vertige ! Mais je dois me reprendre. Ce n'est pas le moment de faire n'importe quoi... Même si toute cette neige est assez... Tentante. J'ai envie de me rouler dedans, de courir, de chercher des lemmings, de vivre innocemment quelques instants. Après tout, je ne suis encore qu'une adolescente. Et oui ! Jusqu'à mes trois ans, on me passera mes jeux enfantins. Même si cela commence déjà à être mal vu... Qu'importe ! Langue pendante, j'avance, la queue haute et les oreilles dressées. J'ai terriblement envie de m'amuser mais ce coin-ci est trop dangereux... Je dois trouver une meilleure place !

Après une dizaine de minutes à crapahuter sur ce chemin, s'offre, devant moi, une grotte. C'est la fameuse grotte du Lynx. Je crois. Je n'y suis jamais allée... C'est tentant. Excitant même ! Mais il faut que j'avance avec prudence : on ne sait jamais si une autre personne que moi a eu la même idée que moi... Avançant avec précaution, je me glisse dans l'antre de la supposée bête, inspectant vaguement l'entrée sans trouver de traces significatives ou récentes. J'hume l'air, truffe au ciel, cherchant une odeur m'indiquant un ennemi ou un allié, sans trouver quoique ce soit. Mes muscles bandés se détendent et ma langue pend de nouveau avec allégresse. Trépignant d'impatience, je rentre en courant, la queue haute et s'agitant dans tous les sens. Je cherche un objet pouvant me servir de jouet et tombe sur un vieil os jaunis par le temps : ça fera l'affaire !

Je bondis en avant, recule, l'attrape dans mon museau, serrant à peine mes crocs et le lance en l'air avant de le rattraper, de le jeter à nouveau, de le laisser tomber et de répéter la même scène avec quelques subtiles changements. Vous trouvez ça étrange que je joue seule ? Il est vrai que les autres s'amusent à plusieurs. Moi ? J'ai toujours été seule. Pas un frère. Pas une soeur. Alors on apprend à se débrouiller comme on peut, jouant avec tout et n'importe quoi ! Et cet os est un amusement acceptable. Après un moment, je décide de me coucher sur le sol glacé de la grotte avec mon trophée entre mes pattes. Heureusement que mon pelage noir est assez épais. Mais je me mets à me demander de quel os il s'agit, tentant de satisfaire ma grande curiosité. Un tibia ? Peut-être.

C'est ainsi que je me mets à m'amuser, me souvenant que j'ai toujours été seule, même dans mon ancienne meute. C'est assez triste à penser... Mais je ne suis plus une petite fille, et même si je suis toujours perdue, je sais me défendre.

Mais j'aurais peut-être dû rester plus attentive. J'aurais sans doute entendu ce canidé approcher avant qu'il n'arrive. Je l'aurais sans doute senti. Si seulement j'avais été plus concentrée. Parfois, j'ai hâte qu'on ne me laisse plus passer mes jeux enfantins...

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J'Observais donc l'objet avec une attention quasi religieuse. Mon petit corps noir étendu sur le sol, je me sentais divinement bien. J'étais seule mais tranquille et juste ce qu'il faut pour être heureuse : un jouet. Enfantin. Mais que voulez-vous ? Je battais faiblement de la queue en donnant un petit coup de patte dans l'os qui glissa sur le sol dans un petit crissement agréable - pour moi en tout cas. Beaucoup de canidés détestent les bruits trop... Strident, dira-t-on. Personnellement, je n'en suis nullement gênée. Je ne me doutais pas qu'un chien, qui plus est important, s'approchait de moi. La concentration est parfois une mauvaise chose. Elle vous oblige à ignorer l'extérieur et les menaces qu'il regorge. Amusé, je continuais mon petit manège, passant dès lors pour une enfant à des yeux profanes.

Soudain, un bruit de pas me fit sursauter. Je bondis sur mes pattes, dressant mon poil, relevant mes babines sur mes crocs blancs et menaçant. Les oreilles en arrière et la queue haute, j'attendais l'arrivée de celui qui m'était inconnu. Je n'ai même pas pensé à lever mon museau et humer l'air à la recherche d'une odeur familière. Je n'ai pensé qu'à me préparer à me défendre, en bonne louve de la meute de l'Ouest. Quand apparut une boule de neige - assez grosse d'ailleurs - je resta un instant figée. Mon expression changea, mes babines retombant dans une moue intriguée. Les oreilles droites je m'apprêtais à faire quelques pas quand un canidé surgit. De nouveau, je fis un léger bond en arrière avant de baisser immédiatement ma queue. Mon échine se courba légèrement, faisant retomber ma tête vers le sol. Ma queue se logea sous mon corps et mes oreilles se baissèrent. Je demandais en silence pardon pour ma posture dominante et menaçante. Car se tenait, en face de moi, avec un air joyeux, mon Alpha. J'avais manqué d'être irrespectueuse et j'agissais en tant que soumise. Je ne voulais pas m'attirer ses foudres alors que j'étais enfin devenue une louve quelconque.

Silencieusement, je l'observais procéder à sa toilette minutieusement de sorte à sécher son poil. Tiens. Encore une des choses que je ne fais pas. Prendre soin de mon pelage. Je donna un bref coup d'oeil vers mon dos : mouillé et en désordre. Mais mon pelage noir était soyeux et tout de même agréable à regarder. C'est donc bon. Pas besoin de le mettre en ordre, je suis présentable. Car ça aussi ça aurait pu passer pour une marque d'irrespect total envers mon dominant... Il se coucha pour dévorer sa boule de neige dans un sourire. En retour, je lui souris également, mais plus timidement. J'espérais secrètement qu'il n'ait pas entendu mes petits grognements de jeu... Et qu'il n'ait rien vu. Non, il ne devait pas avoir vu. A moins qu'il ne m'ait vu avant que je ne le vois ? Tout cela aurait tendance à devenir compliqué. Je me couche, finalement, de nouveau, évitant de faire attention à son regard fixé sur moi. Je n'ai guère l'habitude de me mêler à mes congénères de la meute. J'ai plutôt tendance - lorsque j'y passe du temps - à rester coucher dans un coin, les observant avec amusement et bienveillance. Jamais le contraire.

Puis, soudain, il m'adressa la parole. - Bonjour tu fais quoi ici spécialement?- Me demanda-t-il alors que je le regardais, surprise. Mes oreilles droites écoutaient encore la résonance de sa voix contre les parois de la grotte, tandis que mes yeux dorés cherchaient une raison. C'était encore plus rare qu'on me parle. Je ne savais pas vraiment quoi répondre. D'ordinaire, on ne me parlait que pour me donner des missions. Même certains membres, sans aucune supériorité sur moi, me demandaient d'effectuer certaines missions... Spéciales. Auxquelles je ne rechignais pas. Mais à part avec mes parents, j'avais rarement de véritables discussions. Je restais donc figée sur place, comme si le temps s'était arrêté pour moi. Je réfléchissais à toute vitesse, mais sans donner une seule réponse. Comme j'aurais dû m'y attendre, mon Alpha décida d'affirmer sa position, de sorte à ce que je ne fasse aucun écart de conduite.

Ile se releva d'un bond, marchant avec plus de sérieux dans son regard. Envolé le sourire ! Je me releva à mon tour d'un bond, reprenant ma posture précédente. Je tentais de lui prouver ma soumission. Si mon père, Brave, me voyait, je recevrais sans doute un coup de croc à la nuque de façon violente, de sorte à ce que je me reprenne. Mais il n'était pas là et je n'avais aucune envie d'offenser mon Alpha qui avait été élu à l’unanimité avant mon arrivée. Je le regardais par en bas, cherchant à me faire pardonner si je m'étais montrée insultante. Peut-être n'avait-il pas aimé le fait que je ne réponde pas tout de suite ? D'une voix douce et calme, je finis par répondre, me redressant légèrement : nul besoin de rester trop longtemps dans cette position désagréable. ♣ Je suis venue ici pour vérifier quelque chose. Dis-je simplement, fixant le chien noir et blanc en face de moi.

Je me rendis compte que cela ne serait sans doute pas suffisant. Avançant avec précaution, je passais à côté de lui, la tête baissé et la queue contre mon corps. Je m'installais devant l'entrée de la grotte, à la limite entre la pierre et la neige et je repris. ♣ J'ai entendu certains chasseurs parler de traces de pumas. Je me suis dit qu'en tant qu'espionne, je pouvais venir vérifier si tout cela était vrai. Et venir faire un rapport ensuite. Je m'assis, enroulant ma queue autour de mes pattes arrières et me retournant en souriant, plus calmement et gentiment. ♣ Mais je vous rassure, je n'ai rien trouvé cher Alpha. J'espérais doucement que je n'ai plus à me mettre en position soumise face à lui pour le moment. Je donnais un bref regard à mon os, près de l'Alpha, avec un petit pincement de regret : Adieu le jeu !

Mais j'étais aussi très intriguée... Je me retourna complètement et, sans cacher ma surprise et mon interrogation, je décidais d'oser poser ma question. ♣ Mais... Et vous ? Que faites-vous ici, loin de la meute ? Peut-être serait-elle mal perçu... Je verrais bien, maintenant qu'elle était posée.

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Je me rendis alors compte que je n'étais décidément pas très douée au niveau relationnel. Honnêtement, qui irait poser une question aussi directe à son Alpha ? Il n'y a guère que moi, stupide espionne au sang "maudit" ou "bénit" de dominant sommeillant en elle. Ce n'était pas une trace de soumission. A la limite de l'égal peut-être. Mais, ici, loin de mon Nord natal, les choses sont... Différentes, bien que semblables. Tout me semble beaucoup moins dur, et sans doute cette question restera une simple question de politesse et qui ne sera pas réprimandée violemment par un coup de crocs ou un grondement sourd me remettant à ma place. Mais je reste assez stupide et inadaptée. Non ?

Lorsque le jeune mâle planta ses crocs dans ton os proclamé, je sentis mon petit pincement s'intensifier, une moue dubitative s'affichant sur mon visage. Mon jouet devenait un maigre repas. Mais qu'importe, je l'observais se mouvoir comme un loup, non comme un chien d'attelage dont on le disait venir. Il s'était mis à jouer, comme moi, quelques minutes auparavant. Un sourire amusé s'accrocha à mon visage et je ne pus m'empêcher de m'identifier à lui. Et surtout me laisser attendrir ! On aurait dit un petit enfant, tout mignon, si gentil et agréablement bien avec son jouet. Comment mon côté maternel aurait-il pu rester en sommeil ? Impossible. Je me demandais vaguement quel âge il avait. C'était quelque chose que j'ignorais. Comme beaucoup d'autres. Je ne m'intéresse pas vraiment à ce genre de détail. Mais... A vue de truffe... Je dirais qu'il doit avoir quasiment mon âge. L'âge où ma grand-mère devint solitaire. Je souris tristement avant d'être étonnée : il me rend mon os ! Contente, je remue chaleureusement ma queue touffue, attrapant mon bien dans mes crocs avant de le regarder se déplacer de nouveau et me répondre.

- Bien je suis venue explorer ses endroits sauvages et aussi voir s’il n’avait pas un membre de ma meute ici. – Sourit-il. Je fais de même. Mais une vague lueur traverse son regard. Je ne saurais la définir mais... Elle a quelque chose de triste. Je me stoppe net de sourire, oreilles penchées sur mon crâne dans une moue interrogative. Mais je ne lâche pas mon os. Je le tiens fermement. Moi qui aimes observer, je m'en donnes à coeur joie avec ce canidé. Il s'avance vers l'entrée en soupirant. Tiens tiens... Etrange. Il mange un peu de neige - chose qui me surprendra toujours vaguement, préférant de loin casser de la glace pour me désaltérer. Et il s'éloigna vers le fond de la grotte, se couchant comme les huskys. Fermant même les yeux.

Ca... Il a quelque chose de triste. Timidement, je trottines vers lui, toujours mon os fièrement entre les crocs et le jette au sol, une fois en face de lui. Je pousse un jappement, un simple appel au jeu, langue pendante, remuant avec joie ma queue, penchée en avant dans une posture qui se prête au jeu. Il a besoin de se détendre ! Je fais quelques pas, m'amusant à sautiller en avant, à la manière du jeu du chat avant de m'arrêter et de rire doucement. ♣ Désolée ! Vous n'êtes pas tombé sur un membre très calme de votre meute, cher Alpha. Lançais-je dans un clin d'oeil avant de trottiner de long en large, queue basse, langue pendante et posture soumise : je n'avais pas vraiment envie de refaire la même erreur.

Indiscrète, j'allais sans doute encore me sentir gênée. Je m'arrêtais net, me tournant dans un geste rapide vers lui, décidant d'y aller en bourrin. ♣ Vous sembliez triste. Annonçais-je de but en blanc, le scrutant de mon regard doré. ♣ Vous avez beau être un Alpha, vous restez un canidé comme nous. Continuais-je, énumérant une vérité. ♣ Vous avez le droit de vous laisser aller vous savez. Vous feriez mieux d'aller voir quelqu'un qui vous rende le sourire... Car c'est assez étrange de vous voir ainsi. Finis-je dans un petit sourire bienveillant.

L'une des bases que ma mère m'avait enseigné, comme sa mère l'avait fait pour elle, était que nous étions des loups comme les autres. Ce n'est pas parce que nous sommes des dominants que nous ne subissons pas les sentiments et les conséquences de ces derniers. Mais nous ne pouvons pas les montrer à n'importe qui et n'importe quand. Car quand on est Alpha, on est le pilier de la meute. On la soutien du mieux qu'on peut. Ce fût un conseil précieux du temps où ma mère dirigeait notre meute... Je souris vaguement à ce souvenir de nous, marchant côte à côte dans la neige, près de la tanière où j'étais née. C'était là où nous nous laissions aller à des sentiments maternels... Et uniquement là !

Doucement, à mon tour, je soupira, avant de reporter mon attention sur l'Alpha, me sentant sereine et apaisée.

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Au départ, il m'écouta tranquillement, comme si de rien n'était. J'étais plutôt contente de moi : j'avais bien appris mes leçons et les appliquait avec un certain sérieux que je trouvais surprenant ! Mais les choses se gâtèrent... Je le vis... Changer. Au début, de façon limité. Des frissons de colère. Un regard devenant noir. Puis des larmes. Curieusement, la peur que je ressentis ne me fis pas reculer. Je savais que mes paroles ne seraient pas acceptés facilement. Bon, certes, je ne me doutais pas non plus qu'elles le feraient pleurer. Mais je restais sur mes positions, queue basse, souriant gentiment. Je cherchais à lui signifier que je n'étais pas une menace. Et au vu de son expression, il ne se sentait plus Alpha à cet instant précis. Cela me fit tiquer. Il ne fallait pas qu'il montre ça à Brave. Surtout pas. Certains jeunes membres de la meute n'hésiteraient pas à le défier. Et Brave, malgré qu'il soit un adulte accomplit, était sans doute le plus vicieux d'entre eux. Est-ce étrange de parler ainsi de son père ? Pas pour moi. Les mâles ont rarement le pouvoir dans ma famille.

Il m'inquiéta tout de même lorsque je l'entendis japper, comme un louveteau perdu. Mais, le pire, fût cette position soumise. Je reculais en le voyant agir ainsi... De dégoût ? De peur ? De colère ? Je n'en sais rien. J'étais perdue à mon tour. Comme à chaque fois. Mais lui, semblait encore plus paumé... Il hurla, faisant retentir sa voix dans la grotte avant d'être coupé par une quinte de toux. Une autre chose qui me fit tiquer. La toux n'est jamais, dans notre race, un signe de bonne santé. Mais je me tus, continuant d'observer son état de détresse intense. Il marchait, de long en large, stressant et me stressant même : à force de le voir comme ça, je ne savais décidément plus comment réagir. Il s'assit finalement et je l'écoutais, sans l'interrompre. - Je et bien je ne veut pas tellement en parlé mais oui tu as bien raison... Si j'av..-

Et il toussa de nouveau. Manque d'air ? Peu probable. Vous n'étiez pas encore au sommet. Quelque chose de coincé dans la gorge ? Possible. Mais la maladie te semblait tout autant probable. Je continuais de l'observer, laissant à mon tour mon esprit vagabonder sur les possibilités et conséquences de cette mauvaise toux. Ce n'est que quand il m'invita silencieusement à le rejoindre au bord de la grotte que je redescendais sur Terre. M'approchant doucement, je décida de m'asseoir sans mot à côté de lui. Je me rendis compte que pour un chien, il était grand. Mais, pour une louve, j'étais plutôt petite. Il avait tout du loup. Peut-être juste... Pas notre pelage. Il posa sa patte dans la neige, laissant une trace et la fixa. De nouveau un tilte : être chien le dérangerait-il ? Je soupirais, un petit sourire aux lèvres. Si ce n'est que ça... Enfin, c'est vrai que cela pose problème à certains loups mais au final on se ressemble tous. Laissant encore ce silence pesant régner, je posais ma patte sur la trace, avant de constater que c'était la même. Quasiment. La mienne était juste un petit peu plus resserrée : j'suis une louve après tout !

Je crois bien que cela le fera réfléchir... Puis, toujours dans ce silence, je retournais au fond de la grotte, me couchant au chaud. Il devrait faire de même. Mais il lui fallait un peu reprendre du poil de la bête. Les poils dans tous les sens, j'écoutais vaguement le vent siffler dans la grotte et je l'observais jouer avec la Montagne.

♣ Vous savez... Coupa le silence ma voix avant de se perdre dans les murmures du vent. ♣ Je crois que vous êtes un bon Alpha. Terminais-je avec amusement. Même s'il était jeune. De plus, il n'avait pas reçu l'éducation sauvage qu'il aurait dû avoir, il était donc normal qu'il soit encore perdu. Personnellement, je me suis toujours demandé ce que cela me ferait de vivre parmi les Hommes. Bien sûr, c'est impossible. Je suis une louve. Une fière louve du Nord. Mais je me demande si cela ne me changerait pas... C'est sûrement son cas à lui. Il a changé avec cette rencontre, comme beaucoup. Il lui faut juste apprendre à être plus sauvage.

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Je l'observais venir jusqu'à moi et se coucher, un peu plus détendu. J'avais beau être jeune, je comprenais ce sentiment de ne pas être à sa place ou de faillir à son devoir. Mais lui, cet alpha, n'avait pas besoin de se sentir coupable d'être un chien. Même si Brave, mon père, disait le contraire. Peut-être aurais-je un jour une conversation avec lui sur ce point... Oui, si mon alpha savait se faire respecter, s'il savait s'attirer ma sympathie, je le défendrais d'autant plus, même face à des loups comme celui qui m'avait engendré. Je me laissais glisser vers un repos agréable, sentant la chaleur d'un autre corps près du mien, chose si rare.

Soudain, alors que tout était calme, un grognement retentit. Je bondis sur mes pattes agiles mais Esprit des Neiges se plaça devant moi. Voulait-il me protéger ? Je restais interdite devant ce geste, totalement abasourdie. Je finis par me reprendre en le voyant allez vers la sortie. Je restais sur mes gardes, mes muscles entraînés bandés et prêt à me propulser à la rescousse de mon alpha. Mais au lieu de voir apparaître un ennemi, je le vis revenir avec un lapin. Décidément, il ne cessait de me surprendre ! Je souris, admirative et avec bienveillance. Il le déposa et adopta une posture amicale. J'en fis de même, répondant à ses jappements et sautillant dans la grotte. Malgré tout, mes oreilles restaient à l'affût d'un bruit d'intrusion. -Tu peux le prendre tout se lapin je n’ai pas trop faim moi-

Annonça-t-il finalement. Je le remerciais d'un mouvement de tête agrémenté d'un sourire avant de plonger dessus et de l'éventrer afin de me repaître de sa chair. Mais j'avais beau manger en première, je lui laissais les meilleures parties : s'il était malade, il allait devoir prendre des forces. Après m'être délectée d'un maigre repas, j'allais donner le reste du lapin à Esprit des Neiges quand un second grognement se fit entendre. ♣ Encore... Mes muscles se tendirent et mon regard brilla de cette lueur sauvage qui caractérisait les loups du Nord. J'avançais, me plaçant un peu en avant, aux côtés de mon Alpha. ♣ Restez en arrière cette fois, vous êtes l'Alpha et si quelque chose vous arrivait, la meute aurait des ennuis.

Un autre grognement suivi d'un feulement juvénile s'éleva dans l'air. Mes babines se retroussèrent instinctivement, faisant apparaître mes crocs meurtriers à la vu de tous. Mon épais pelage s'hérissa de sorte à me faire paraître plus impressionnante que je ne l'étais, dans une tactique d'intimidation. Mes oreilles droites et ma queue haute me faisaient également paraître plus imposante. Mais, cette fois, je ne fis pas l'erreur de laisser mon jeune alpha se plaçait devant moi : je bondis devant lui, me mettant de côté afin de faire barrage. Je savais ce qui approchait. Cela avait déjà fait des dégâts dans mon ancienne meute. Un jeune lynx qui avait certainement quitté sa mère il y a peu et qui cherchait à établir un territoire. Voilà d'où venait les traces que les chasseurs avaient vu. Voilà pourquoi je n'avais pas senti sa présence : il n'était pas encore établit et devait parcourir des milles et des milles. A mon tour, je faisais s'élever un grognement menaçant, se répercutant contre les parois qui l'amplifièrent, avant même qu'il n'apparaisse.

Lorqu'il apparut, il était moins sûr de lui, son feulement d'intimidation se teintant de peur. Il était jeune. Inexpérimenté. Il avait sans doute déjà croisé des loups mais pas de ceux qui se tiennent aussi droit face à lui. Je me redressais de toute ma petite hauteur, le dardant de mon regard doré. ♣ Avance donc... Et tu ne ressortiras jamais de cette grotte. Le menaçais-je, finissant par baisser ma tête, mon échine se courbant, prête à l'assaut. Son feulement fit écho à un autre de mes grognements : c'était la phase de jugement entre nous trois. Il allait vite se rendre compte que la Meute de l'Ouest était plus puissante que les autres. J'en oubliais même mon Alpha qui se tenait derrière mon corps, sans doute mécontent devant mon instinct protecteur. Ou enchanté ? Allez savoir...

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Je m'attendais à tout avec le lynx sauf à ce que mon Alpha lui saute dessus ! Au moment où il bondit et s'accrocha à sa gorge, j'en fis de même, passant par derrière, plantant mes longs crocs au niveau de l'épaule en secouant et grognant. J'enfonçais de plus en plus mes canines dans sa chair, avalant les bourrelets de poils, me déplaçant en sautillant pour éviter une blessure et continuant mon manège, secouant toujours plus fort. Le fauve infligea une blessure à Esprit des Neiges avant de se défaire de notre étreinte meurtrière et de fuir en miaulant. Je continuais de grogner un temps, observant la fuite de l'animal blessé, plus dans son amour propre que réellement. Mais c'était une leçon à retenir pour chaque animal ici : il fallait toujours être attentif et se méfier de tout.

Esprit des Nieges vérifia que la bête était partie, tandis que je me laissais choir sur le sol, haletante après cette altercation que j'aurais préféré éviter. J'observais de ci, de là, les poils en bataille de ma fourrure, me demandant comment je pouvais rentrer dans un état encore plus pitoyable que celui dans lequel j'étais partie. C'était une mauvaise idée de me laisser ainsi aller et je me ferais sans doute réprimandée par ma douce mère... Bah, qu'importe. Mais il allait falloir prévenir les chasseurs de réellement se méfier, ainsi qu'aux guerriers de se préparer à l'éventualité qu'il ne descende en contrebas, dans notre territoire. Tandis que je réfléchissais au rapport que j'allais devoir fournir, j'observais du coin de l'oeil mon dominant : blessé, malade... Il était bien loin d'avoir fière allure. A vrai dire, je ne savais pas vraiment quoi penser de lui. Il ne connaissait pas la vie sauvage comme nous autres, loups, la connaissions. Il était plus attendrissant qu'effrayant. Je ne savais vraiment pas quoi en penser. Après un instant où son regard dur se posa sur moi, un sourire s'étira sur son visage. - Contante toi de ne plus me protéger comme cela, mais merci beaucoup ... Et merci pour le morceau de viande...-

Je restais quelques instants abasourdie. N'avais-je pas le devoir de le protéger ? Et puis, il semblait si innocent... Je doutais qu'il ait eu à affronter d'aussi grosses menaces qu'un lynx adulte. Heureusement qu'il ne s'était pas s'agit d'un puma, bien plus dangereux à mes yeux. Je soupirais, me tournant vers mon dos pour donner un semblant de toilettage à mon pelage d’ébène. Mais, il fallait que je réponde. ♣ A vrai dire, il est de mon devoir de protéger mon Alpha. C'est ainsi que les choses marchent dans une meute soudée. Confiais-je, le regard dans le vide. Dire que j'avais reçu tous les enseignements pour devenir Alpha à mon tour. Mais ça, tous l'ignoraient, et c'était pour le mieux. ♣ Il serait sans doute temps de rentrer et d'aller vous faire soigner. Par quelqu'un de proche de vous. Je vais vous escorter jusqu'à la meute, je reviendrais ensuite suivre les traces du lynx et m'assurer qu'il ne descende pas vers la meute.

Finalement, je prenais mon rôle à coeur, très à coeur même. Je me redressais en étendant mes muscles engourdis après ce laps temps de repos et m'avançais vers l'entrée de la grotte, observant les environs, humant l'air à la recherche d'une quelconque odeur ennemie. Mais à part la trace encore fraîche du lynx, rien ne venait jusqu'à ma truffe. Je mémorisais son odeur, de sorte à revenir le chercher plus tard et voir vers où ses pas le menaient. S'il s'approchait de la meute, je tenterais de le faire fuir en usant de ruse. Lui faire penser que j'étais à sa poursuite pour le tuer, par exemple, était une idée acceptable pour l'éloigner. En cas de difficultés, je ferais appel aux guerriers et mon rôle s'arrêtera au moment où je les aurais mené au jeune lynx que j'espérais assez intelligent pour ne pas faire de fautes de ce style.

Mes pupilles dorées se posèrent sur mon dominant, l'attendant pour le ramener en lieu sûr. J'agissais avec lui comme avec un jeune loup encore inexpérimenté, sans doute car il me paraissait plus joueur qu'autre chose. Mais il avait du potentiel et s'il savait l'utiliser, je le suivrais. En cas contraire, je partirais peut-être. Allez savoir ce que le destin nous réserve... Pour le moment, je devais le ramener, ce jeune chien blessé et malade.

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